Judaïsme, christianisme et islam se réclament de différentes croyances et ont pourtant un même père : Abraham. Son histoire, racontée dans le livre de la Genèse, a été mise par écrit entre les viie et ive siècles avant notre ère. Elle est le résultat de la combinaison de récits de provenances et de rédacteurs divers, d'où l'image d'un patriarche à multiples facettes. Abraham apparaît tantôt comme un croyant exemplaire, tantôt comme un tricheur qui ne fait pas confiance à la parole divine.
À travers le parcours de ce personnage complexe, le lecteur et la lectrice sont confrontés à des expériences contrastées du divin, allant d'un dieu bienveillant jusqu'à un dieu obscur qui demande à Abraham de lui sacrifier son propre fils (Gn 22). Mais Abraham est aussi celui qui pose la question de la justice divine lorsque Dieu lui annonce la destruction de Sodome et Gomorrhe (Gn 18).
Ce commentaire permettra de comprendre comment Abraham est devenu un ancêtre « oecuménique » à travers lequel les rédacteurs bibliques affirment les liens entre toutes les populations habitant la terre de Canaan.