Notre Mère nous avait conçus chacun à midi, mes deux frères cadets et
moi, et nous avait accouchés dans la nuit, dans la douleur. Notre vie de
misérables desséchée par les rayons brûlants de midi, dégageait une
puanteur acerbe que nul enfant de lumière ne désirerait. C'est le soleil
qui m'a brûlée.
Notre Père, nous ne le voyions qu'une fois la
journée, les midis où il n'était pas vraiment à nous. C'est Notre Mère
qui nous criait dessus tous les midis : « Allez-y accueillir votre Père
qui est arrivé. » Puis ii s'enfermait avec Notre Mère dans la grotte de
noces afin de dépouiller les dossiers importants selon les propos
hypocrites et mensongers des adultes. II n'y en ressortait qu'après un
long moment entrecoupé de silence, de murmures, d'assouvissements et
d'inhalations de leurs odeurs réciproques, sourire aux lèvres, le corps
très embaumé et détendu...