Curieusement, à notre surprise à tous, l'amitié n'est pas un thème biblique central. Bien des encyclopédies qui traitent de toute la Bible n'ont pas, comme porte d'entrée : « l'amitié », « die Freundschaft », « Friendship » ! Et si l'on se concentre sur le mot comme tel, on ne le retrouve que rarement. Ainsi dans tout le Nouveau Testament le mot grec philia qui dit justement « amitié », n'apparaît qu'une seule fois et encore dans un sens avant tout péjoratif : « Ne savez-vous pas que l'amitié envers le monde est inimitié contre Dieu » (Jc 4,4) ! Mais l'absence du mot ne signifie pas encore l'absence de la réalité ! Ce fut pour moi une recherche passionnante d'examiner d'abord dans le Premier Testament, puis dans le Nouveau tout ce qu'on vit et pratique comme amitié. Qu'en pensent les prophètes, les sages, les milieux sacerdotaux ? Comment Paul, Luc, Jean s'y retrouvent-ils ? Et Jésus lui-même ? Partons en excursion et découvrons les fleurs de l'amitié dans ce qui au premier abord avait l'allure d'un désert. Or chacun sait que la moindre fleur dans le creux d'un rocher après de longues promenades arides au désert, est une grande joie !
Amitié et fraternité, en dialectique constante. Thème grec entré progressivement dans la révélation biblique et bien assimilé dans le milieu chrétien ultérieur. Aujourd'hui encore bien des milieux rêvent d'une Église d'amis, avec réciprocité dans la confiance et la transparence. « Elle coûte aux yeux du Seigneur la mort de ses amis » (Ps 116,15).
À PROPOS DE L'AUTEUR
P. Benoît Standaert est moine bénédictin du monastère de Saint-André à Bruges, entré en 1964. Après des études à Anvers, Rome, Jérusalem et Nimègue en philosophie, philologie classique, théologie et spécialisation biblique, il a enseigné l'Écriture sainte et la Christologie à l'Institut international Gaudium et Spes, au monastère de Bruges, donné des cours sur le Nouveau Testament à Rome (Saint Anselme) et à Bangalore (Sint Peter's Seminary), et en France au STIM (formation théologique pour moines et moniales). Il a dirigé la revue de spiritualité
Heiliging (« Sanctifier ») de 1978 à 2006. Il est engagé depuis plus de vingt-cinq ans dans le dialogue interreligieux monastique (DIMMID).
Il a vécu sept ans en ermite près de-Malmedy (Belgique) et mène pour l'instant encore une vie semi-érémitique à Clerlande (Ottignies). Formé à l'analyse rhétorique ancienne et bon connaisseur de l'histoire de la spiritualité, il est l'auteur de plusieurs commentaires bibliques et d'ouvrages de-spiritualité, composés en néerlandais et en français, et traduits en italien, hongrois, polonais, anglo-américain et espagnol.